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Idéotypage : un avenir agroécologique pour le secteur maraîcher du Bénin

Ferme agroécologique urbaine à Cotonou. Raphael Belmin / Cirad
Le projet SafeVeg : des légumes sains pour l’Afrique de l’Ouest
Le projet SafeVeg – Safe Locally-Produced Vegetables for West Africa’s Consumers vise à améliorer la production et la consommation de légumes de qualité en Afrique de l’Ouest. Porté par un consortium de trois institutions dont le 911, le World Vegetable Center et l’université de Wageningen, il est mis en œuvre au Bénin, au Mali et au Burkina Faso avec un large réseau de partenaires nationaux. Le projet agit à la fois sur l’offre et la demande de légumes sains. Sa composante dédiée à la production de légumes sains, à la résilience climatique et à la valorisation post-récolte, pilotée par le 911, cherche à réduire l’usage des intrants chimiques et à diffuser des pratiques agroécologiques.
L’idéotypage : Une méthode participative au service de la transition
Organisé du 16 au 20 juin 2025 sur le campus de l’IITA à Cotonou, l’atelier d’idéotypage a rassemblé une cinquantaine de participants : producteurs, chercheurs, ONG, fournisseurs d’intrants, acteurs publics. Tous ont travaillé selon la méthode d’idéotypage, conçue et développée par le 911 en Afrique de l’Ouest depuis 2021 visant à co-construire des modèles théoriques (ou “idéels”) de systèmes agri-alimentaires durables, cohérents et adaptés aux contextes locaux. L’idéotypage repose sur une conviction forte : on ne peut pas transformer les systèmes agricoles en innovant de manière isolée. C’est pourquoi la démarche privilégie les innovations couplées, c’est à dire des solutions pensées de manière systémique et interconnectée articulant techniques culturales, pratiques organisationnelles et dispositifs institutionnels.
Cet atelier a été organisé en cours de route dans la démarche d’accompagnement du projet, après une phase de diagnostic, de formation, d’expérimentation et de diffusion d’innovations sur le terrain. Cette étape a joué un rôle clé de mise à niveau des connaissances entre les différents participants qui n’ont pas tous été exposés aux mêmes innovations. Des temps de partage ont permis de découvrir des solutions testées localement : crotalaire, micro-organismes bénéfiques (MAB), bokashi ou jus de fruits fermentés. Des entreprises de bio-intrants et organisations ont présenté leurs produits et approches comme Biophyto, AgroEcoServices ou le Système Participatif de Garantie (SPG-Bénin), une démarche locale de certification agroécologique.
L’atelier a permis une réflexion collective et les travaux ont été structurés en quatre grandes étapes :
- Identification des principales contraintes (pression des ravageurs, dégradation des sols, changements climatiques, difficulté d’accès aux intrants)
- Élaboration d’arbres à problèmes et à solution pour analyser les causes et les conséquences et dégager des leviers d’action ;
- Construction de “boîtes à innovations” constituées d’actions concrètes, réalisables à différentes échelles (ferme, territoire, institutions)
- Co-conception d’idéotypes de systèmes agroécologiques adaptés à chaque contexte
Des modèles agroécologiques pour différents contextes
Selon les réalités de leurs territoires, les participants ont été invités à imaginer leur ferme idéale à l’horizon de 5 à 10 ans. L’objectif : concevoir un système de production cohérent et durable, adapté à leurs contraintes et aspirations. Au terme de cette semaine de travail, quatre idéotypes de systèmes agroécologiques intégrés ont été co-construits :
- Une ferme maraîchère diversifiée en zone urbaine, localisée à proximité d’un bas-fond sur une petite superficie d’environ 3 000 m², pensée pour répondre à la demande de légumes variés et locaux en circuit court.
- Une ferme agroécologique sur plateau latéritique en zone rurale sur 3 hectares et conçue pour faire face aux aléas climatiques et aux contraintes liées à l’eau.
- Une exploitation familiale sur cordon littoral sableux, développant du maraîchage sous plantation de cocotiers, conçue pour valoriser au mieux un sol fragile, salinisé et peu fertile, tout en assurant une production durable.
- Un idéotype organisationnel, centré sur une filière d’approvisionnement en intrants de qualité, prérequis indispensable pour garantir la réussite des autres systèmes, mobilisant producteurs, décideurs, ONG, instituts de recherche, banques, collectivités et entreprises.
Des perspectives concrètes pour les producteurs
Au-delà de la co-construction d’idéotypes, l’atelier a permis de poser les bases d’une vision partagée pour accompagner les producteurs, les acteurs du développement et les chercheurs. Cette boussole commune facilite l’orientation des choix techniques, la formation et la mise en œuvre de systèmes agroécologiques adaptés. Plusieurs participants ont exprimé leur volonté de tester, sur leurs fermes ou via leurs circuits de commercialisation, des prototypes inspirés des modèles conçus collectivement. Ces expérimentations, appuyées par l’équipe SafeVeg, permettront d’ajuster les systèmes aux réalités locales et d’accompagner leur diffusion.
Les idéotypes serviront également de support pour développer des formations ciblées et des « living labs », c’est-à-dire des dispositifs d’apprentissage en conditions réelles, favorisant l’appropriation et l’amélioration continue des pratiques agroécologiques.