Une dynamique régionale pour la transition agroécologique en Afrique de l’Ouest et du Centre

29/10/2025
Une nouvelle dynamique régionale ambitieuse visant à renforcer la durabilité des systèmes alimentaires se déploie dans 5 pays d’Afrique de l’Ouest et du Centre : la Côte d’Ivoire, le Sénégal, le Cameroun, le Burkina Faso et le Benin. Le Réseau en agroécologie pour promouvoir la durabilité des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest et du Centre (RADiUS) souhaite faire de l’agroécologie un levier stratégique pour transformer durablement les systèmes alimentaires. Après un lancement régional à Dakar, les ateliers nationaux, dont celui de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) en Côte d’Ivoire, ont confirmé l’engagement des institutions scientifiques et des acteurs du développement en faveur d’une transition agroécologique structurelle et collaborative.
Atelier de lancement officiel du RMRN RADiUS le 4 février 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal© RADiUS Senegal
Atelier de lancement officiel du RMRN RADiUS le 4 février 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal© RADiUS Senegal

Atelier de lancement officiel du RMRN RADiUS le 4 février 2025 à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar, Sénégal© RADiUS Senegal

RADiUS un élan régional pour l’agroécologie ouest-centre africaine

Le Réseau en agroécologie pour promouvoir la durabilité des systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest et du Centre (RADiUS) se positionne comme un cadre structurant pour impulser une transformation profonde des systèmes de production et de consommation alimentaires face aux défis climatiques, environnementaux et sociaux qui affectent la région.

Financé par l’Union européenne avec l’initiative DeSIRA+, il est coordonné par le Conseil Ouest et Centre Africain pour la Recherche et le Développement Agricoles (Coraf), en partenariat avec l’Université Cheikh Anta Diop (Ucad) de Dakar. Il mobilise un consortium d’institutions scientifiques et techniques comprenant l’Université Joseph Ki-Zerbo (UJKZ) au Burkina Faso, l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) en Côte d’Ivoire, le Cirad en France, l’Institut de recherche agricole pour le développement (IRAD) au Cameroun, l’Institut de recherche sur le coton (IRC) au Bénin et Catholic Relief Services (CRS).

Lancé officiellement en février 2025 à Dakar, le projet a posé les bases d’un réseau collaboratif où la recherche, la formation, le développement et les politiques publiques s’articulent autour d’une vision commune : renforcer la durabilité, la résilience et la souveraineté alimentaire des territoires africains. À la suite de ce lancement régional, des ateliers nationaux se sont tenus dans les cinq pays partenaires afin de contextualiser les priorités et d’initier la mise en œuvre opérationnelle du réseau.

En Côte d’Ivoire, l’atelier de lancement national du projet RADiUS s’est tenu le 8 octobre 2025 au sein de l’auditorium du Centre d'Excellence Africain sur le Changement Climatique , la Biodiversité et l'Agriculture Durable de l'Université Félix Houphouët Boigny (WASCAL CEA-CCBAD), situé au Pôle scientifique et d’innovation de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) de Bingerville. Cet événement a rassemblé une diversité d’acteurs issus d’institutions académiques, de structures de recherche, d’organisations paysannes, de dispositifs d’appui au développement, ainsi que de partenaires techniques engagés dans les dynamiques de transition agroécologique sur le territoire national.

Atelier  national du RMRN RADiUS en Côte d’Ivoire le 8 octobre 2025 au sein de l’auditorium WASCAL CEA-CCBAD à Bingerville. ©Media - Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB)

Atelier  national du RMRN RADiUS en Côte d’Ivoire le 8 octobre 2025 au sein de l’auditorium WASCAL CEA-CCBAD à Bingerville. ©Media - Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB) 

Dans son discours inaugural, le Dr Chérif Mamadou, Directeur de l’UFR Biosciences de l’Université Félix Houphouët-Boigny (UFHB), a salué une initiative qu’il a qualifiée de « porteuse d’espoir, tournée vers l’émergence de modèles alimentaires durables adaptés aux réalités locales ». Il a souligné l’importance d’ancrer RADiUS dans une stratégie globale d’innovation scientifique au service des communautés rurales, en insistant sur la nécessité de privilégier une approche inclusive et transdisciplinaire.

Le Dr Fructueuse Noudehou Ouidoh Agbodjogbe, Coordinatrice régionale du projet au Coraf, a mis en lumière la portée stratégique de cette rencontre nationale, rappelant que « la collaboration régionale est essentielle pour faire avancer la transition agroécologique ». Son intervention a insisté sur la complémentarité des expertises et la nécessité de construire des synergies pérennes entre les pays partenaires pour garantir l’impact du réseau.

Aux côtés des institutions nationales, la voix internationale de la recherche a été portée par le Dr Serge Marlet, Directeur régional du Cirad, qui a présenté RADiUS comme un « dispositif structurant permettant d’organiser et de renforcer la recherche en agroécologie en cohérence avec les réalités agricoles africaines ». Selon lui, la mise en réseau des connaissances, des pratiques paysannes et des innovations issues de la recherche constitue un levier majeur pour transformer les systèmes alimentaires.

En tant que point focal du projet à l’UFHB, le Dr M’Bo Kacou a insisté sur la dimension fédératrice de RADiUS, en soulignant sa capacité à « mettre en synergie la recherche, la formation, le développement et les savoirs paysans afin de bâtir des systèmes alimentaires résilients et inclusifs ». Il a évoqué l’atelier comme un premier jalon vers une feuille de route nationale construite collectivement.

Représentant le Président de l’Université Félix Houphouët-Boigny, le Professeur Sangaré Abdoulaye, Vice-Président chargé de la Recherche et de l’innovation technologique, a conclu les allocutions officielles en rappelant que « l’agroécologie n’est pas une alternative, mais une voie d’avenir crédible et nécessaire ». Il a invité l’ensemble des parties prenantes à faire du projet un cadre modèle pour le développement durable des territoires, fondé sur la science, l’engagement communautaire et l’innovation partagée.

Participation des membres à l’atelier national du RMRN RADiUS en Côte d'Ivoire.  © G. Hodonou, Cirad

Participation des membres à l’atelier national du RMRN RADiUS en Côte d'Ivoire.  © G. Hodonou, Cirad

La dynamique régionale se pousuit dans les quatre autres pays

Cette dynamique s’est étendue aux autres pays partenaires avec l’organisation d’ateliers nationaux au Bénin sous la coordination de l’IRC, au Sénégal à l’UCAD, au Cameroun avec l’IRAD et au Burkina Faso sous l’impulsion de l’UJKZ. Ces rencontres ont permis de mobiliser les acteurs locaux, d’identifier les besoins en renforcement de capacités, de clarifier les rôles institutionnels et de définir les premières orientations techniques adaptées aux contextes nationaux.

Atelier national du RMRN RADiUS au Benin (à gauche) et au Burkina Faso (à droite). © RADiUS

Atelier national du RMRN RADiUS au Benin (à gauche) et au Burkina Faso (à droite). © RADiUS

La stratégie de RADiUS repose sur une articulation cohérente entre la gestion des connaissances à travers la capitalisation et la diffusion des innovations agroécologiques, le renforcement des capacités par la formation des chercheurs, agriculteurs et institutions de développement, ainsi que l’accompagnement des cadres institutionnels pour favoriser l’intégration des pratiques agroécologiques dans les politiques publiques nationales et régionales. À travers cette approche intégrée, le projet ambitionne de promouvoir des systèmes agricoles durables, d’accroître la résilience face aux changements climatiques, de structurer un réseau régional d’innovation et de soutien à la décision, et d’influencer les stratégies publiques en matière de souveraineté alimentaire.

Atelier national du RMRN RADiUS au Cameroun. © RADiUS

Atelier national du RMRN RADiUS au Cameroun. © RADiUS

À l’issue des ateliers nationaux, RADiUS pose les bases d’une communauté d’acteurs engagés autour d’une ambition commune : faire de l’agroécologie un levier stratégique pour transformer durablement les systèmes alimentaires en Afrique de l’Ouest et du Centre. Les prochaines étapes seront consacrées à la mise en œuvre des actions prioritaires, au renforcement des alliances entre institutions et à l’évaluation progressive de l’impact sur les territoires, dans une logique de durabilité et de co-construction.