Vers des emplois d茅cents dans les exploitations agricoles en Afrique

27/01/2025
Les activit茅s agricoles sont per莽ues comme un travail p茅nible, d茅valorisant physiquement et psychologiquement et mal pay茅. Cette perception est renforc茅e par les difficult茅s r茅elles rencontr茅es par les employ茅s et entrepreneurs agricoles. La m茅canisation des activit茅s agricoles, la formalisation de l鈥檈mploi ... sont autant de pistes de solutions pour y rem茅dier.
Photo de famille de la conf茅rence sur le travail agricole et agroalimentaire

Photo de famille de la conférence sur le travail agricole et agroalimentaire. © I. Diallo, Cirad

L'essentiel

Venus de plusieurs pays d’Afrique, d’Europe et d’Amérique, les participants ont échangé sur le concept de l’emploi décent dans le secteur agricole, la perception et la précarité du travail agricole en contexte africain, les modèles agricoles qui génèrent plus d’emplois pour les jeunes, les futurs désirables, entre autres. La revue de littérature révèle que des études de recherche sur cette thématique sont menées sur des pays anglophones comme l’Afrique du Sud et l’Ethiopie et peux d’études portent sur la région francophone d’Afrique de l’Ouest.

La précarité de la main d’œuvre agricole

La conférence internationale sur le futur du travail et de l’emploi dans le secteur agricole et agroalimentaire en Afrique de l’Ouest, tenue du 14 au 15 janvier 2025 à Dakar au Sénégal, a été un cadre pour permettre aux différentes parties prenantes d’échanger sur l’attractivité de la main d’œuvre dans ce secteur. Les représentants des syndicats de travailleurs et des instituts de sécurité au travail estiment que le déficit de formation et de mécanisation des activités agricoles, le manque de formalisme dans la relation de travail, l’absence de sécurité sociale et la faiblesse des rendements donc des revenus des entrepreneurs agricoles sont autant de conditions qui rendent précaires les ouvriers agricoles et découragent les jeunes à embrasser ce secteur dans leur carrière professionnelle. Les activités agricoles sont perçues comme un travail pénible, dévalorisant physiquement et psychologiquement et mal payé. Il est également noté un manque de synergie entre les acteurs et organismes de tutelle (ministères agriculture et emploi ainsi que les syndicats) qui gravitent au tour de ce secteur. Ce qui ne facilite pas la circulation de l’information notamment les données et résultats de recherche.      

Comment rendre attractif l’emploi agricole ?  

Plusieurs pistes de solutions sont évoquées pour que non seulement le secteur agricole génère plus d’emplois mais aussi que cet emploi soit de qualité. Parmi les modèles d’exploitation agricole, les systèmes de production agroécologiques semblent créer plus d’emplois que les systèmes conventionnels. Ces premiers requièrent une activité plus intense donc plus de main d’œuvre. A voir si ce surplus de travail répond aux normes d’emploi décent. Le projet qui est à ses débuts s’attèle à répondre à cet inconnu.

La mécanisation des activités agricoles, la formalisation de l’emploi dans ce secteur à travers l’établissement d’un contrat de travail comportant toutes les normes de sécurité et de protection sociales, la formation des ouvriers agricoles, les facilitations de l’accès à la terre sont notamment les solutions soulignées pour rendre attractif l’emploi agricole.    

L'engagement des partenaires pour améliorer les conditions de travail en agriculture

Présidium de la conférence sur le travail agricole

Présidium de la conférence sur le futur du travail agricole et agroalimentaire. De gauche à droite : Dr Ibra Touré (Cirad), Dr Alpha Ba (Secrétaire d’État aux coopératives et à l’encadrement paysan du Sénégal), Professeur Ahmadou Aly Mbaye (Université Cheikh Anta Diop) et Dr Astou Diao Camara (ISRA-BAME). © I. Diallo, Cirad

Coorganisée par le de l’Institut sénégalais de recherches agricoles (ISRA), le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) et , cette conférence a réuni des chercheurs, des officiels, des représentants de la société civile et des organisations paysannes et internationales telles que l’Organisation internationale du travail, la Banque mondiale, la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest (CEDEAO), etc.

Le Centre de recherches pour le développement international (CRDI), l’Agence française de développement (AFD), l’Ambassade de France au Sénégal et en Gambie et le Ministère de l'Agriculture et de la Souveraineté alimentaire de la France ont apporté un appui financier à l’organisation de cette conférence.

Dr Alpha Ba, Secrétaire d’État aux coopératives et à l’encadrement paysan du Sénégal, a présidé l’ouverture de cette rencontre qui a rassemblé plus de soixante-dix participants en présentiel et une cinquantaine en ligne.