Le Cirad pr茅sente sa feuille de route pour une culture durable de l鈥檋茅v茅a

Institutionnel 24 novembre 2025
Principale source de caoutchouc naturel, l鈥檋茅v茅aculture est indispensable pour de nombreux secteurs industriels, notamment celui des pneumatiques qui utilise 70 % de la production mondiale. Le Cirad consacre d鈥檌mportants travaux de recherche 脿 cette fili猫re et lance une feuille de route avec quatre ambitions principales pour la soutenir dans la d茅cennie 脿 venir. Confront茅e 脿 de multiples d茅fis sociaux, 茅conomiques et environnementaux, l鈥檋茅v茅aculture doit acc茅l茅rer sa transition vers plus de durabilit茅.
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Hévéaculture en Thailande. © L.Vaysse

80 % de la production de caoutchouc naturel provient de plantations familiales, l’hévéaculture représente donc une source de revenus cruciale pour de nombreux petits producteurs. En 2024, la Thaïlande (34 %), l’Indonésie (14 %) et la Côte d’Ivoire (12 %) étaient les premiers pays producteurs, tandis que la Chine (45,8 %), l’Inde (9,2 %) et la Thaïlande (6,7 %) dominaient la consommation. 

L’hévéaculture face au changement climatique 

Concentrée à 85 % dans des zones tropicales avec une température annuelle moyenne entre 26°C et 28°C, les effets de températures moyennes supérieures à 28°C sur cette culture sont peu connus. Sécheresses, vents violents, émergence de maladies… Avec une hausse de 2 à 3°C, comme le prévoit le GIEC, l’hévéaculture se trouve en première ligne face au changement climatique. Comment adapter l’hévéaculture face à ce défi majeur ?

Les enjeux sociaux et économiques 

Au-delà des enjeux environnementaux, la filière fait face à une situation économique délicate. Pour la production de caoutchouc naturel, les hévéas doivent être saignés par une main humaine, or, le secteur est peu attractif pour les populations (pénibilité du travail, salaires peu élevés, faible reconnaissance sociale…). Depuis 2014, les prix du caoutchouc naturel sont bas et fluctuent fortement, rendant ainsi incertaine la rentabilité des plantations pour les producteurs. 

Un contexte réglementaire renforcé

À compter du 1er janvier 2026, le Règlement européen contre la déforestation (RDUE) interdira pour les moyennes et grosses entreprises l’importation de caoutchouc et de produits dérivés issus de zones déforestées. Cela concernera l’ensemble des entreprises au 1er janvier 2027. Le risque d’une nouvelle déforestation est aujourd’hui limité en Asie du Sud-Est, mais il demeure une préoccupation en Afrique centrale et en Amérique latine.

Inventer l’hévéaculture de demain 

Pour faire face à ces enjeux multiples, le Cirad présente ses quatre ambitions principales dans la synthèse de sa feuille de route dédiée à la filière :

1. Optimiser les productivités de la terre et du travail, et produire un caoutchouc de qualité 

Un défi majeur est d’intensifier la production sur des surfaces existantes, non extensibles en raison des réglementations contre la déforestation, ou encore d’augmenter la productivité du travail pour répondre aux pénuries de main-d’œuvre. Dans le cadre de la transition agroécologique, les scientifiques du Cirad travaillent sur la physiologie de l’arbre et la santé des sols, la diversification des cultures à différentes échelles, la qualité du latex et du caoutchouc, etc.

2. Permettre aux exploitations familiales d’accéder à un revenu décent

Améliorer les revenus des planteurs passe par l’analyse des systèmes d’exploitation agricoles, la mise en place de plateformes d’information permettant de diffuser les innovations et veiller à leur adoption. Pour cela, le Cirad travaille avec des collectifs de professionnels qui apportent leurs savoirs, ainsi que des organismes de recherche et de vulgarisation locaux. Un système innovant de saignée du latex en diminuant la fréquence permet d’augmenter la productivité du travail et donc les revenus.
Dominique Garcia
Correspondant de la filière hévéa au Cirad

3. Adapter l’hévéaculture au changement climatique et aux autres changements environnementaux

Le Cirad mène des travaux qui visent à créer des variétés d’hévéas plus résilientes, résistants aux maladies et adaptés aux stress climatiques et aux différents types de sols. De nouvelles méthodes de conduites des plantations sont aussi explorées (diversification, gestion de l’inter-rang, conduite des replantations, etc…)

4. Intégrer l’hévéaculture dans un cadre territorial

Les interactions entre les plantations d’hévéa et leurs bassins de production méritent d’être davantage étudiées du fait, entre autres, de la taille des surfaces plantées et des cycles longs de culture et d’exploitation. En Thaïlande, par exemple, des provinces entières sont couvertes d’hévéas. Conséquence positive, l’implantation d’hévéas pourrait contribuer à l’atténuation du changement climatique.
Laurent Vaysse
Correspondant de la filière hévéa au Cirad

 

Chiffres clés

  • 14,6 M de tonnes d’hévéa produites en 2024 au niveau mondial
  • 80 % de la production et de la consommation sont en Asie
  • 790 accessions hévéa dans le Centre de ressources biologique – Plantes Pérennes du Cirad
  • 2 produits de la recherche reconnus mondialement : le diagnostic latex et l’analyse de conformité clonale
  • 45 scientifiques de 11 unités de recherche
  • 130 publications dont 90 avec des partenaires du Sud (2015-2025)

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