Vient de sortir 3 juillet 2025
- Accueil
- Espace presse
- Communiqués de presse
- Prospective AgroEco2050-Sénégal
Prospective AgroEco2050-Sénégal : quelle agriculture pour demain au Sénégal ?

© FAO-ISRA-Cirad
L’agriculture sénégalaise fait face à trois grands défis interconnectés d’ici 2050 :
1. assurer une alimentation suffisante, saine, diversifiée, nutritive et accessible à tous les membres d’une population qui doublera d’ici trente ans ;
2. fournir un travail et un revenu attractifs aux jeunes générations alors qu’elles se retrouvent déjà aujourd’hui souvent sans emploi ; et
3. préserver les écosystèmes (sols, eaux, biodiversité, etc.), adapter l’agriculture au changement climatique et contribuer à l’atténuer pour ne pas mettre en danger les capacités productives et la sécurité alimentaire du pays à long terme.
Pour faire face à ces défis, les orientations de la future Stratégie Nationale de Souveraineté Alimentaire (SNSA) préconisent une augmentation durable de la disponibilité d’aliments en quantité et en qualité suffisantes, une promotion de l’accessibilité physique et économique d’une alimentation diversifiée et nutritive aux populations, un renforcement du financement ainsi que des services de recherche-développement et de conseil. C’est dans ce cadre que l’initiative AgroEco2050 s’est inscrite pour aider le gouvernement du Sénégal à co-construire et quantifier des visions contrastées de l’agriculture sénégalaise à l’horizon 2050.
Quelle finalité pour AgroEco2050-Sénégal ?
« AgroEco2050-Sénégal est une prospective participative qui cherche à préciser les défis de l'agriculture sénégalaise à l'horizon 2050 en combinant les savoirs d'un groupe d'experts et un modèle biophysique et économique, Agribiom », expliquent Rémi Prudhomme, Marc Piraux et Bruno Dorin du Cirad, auteurs du rapport.
Cette initiative AgroEco2050-Sénégal a permis de regrouper une vingtaine d’experts de divers horizons et aux intérêts variés : des représentants des agriculteurs, des chercheurs, des experts de ministères sectoriels de l’Agriculture et de l’Environnement, des représentants d’entreprises privées, des ONGs et d’agences gouvernementales. Elle cherche à mettre en regard, à quantifier et à faire discuter deux visions contrastées d’évolution possible de l’agriculture et de l’alimentation sénégalaises, à savoir le modèle industriel et le modèle agroécologique.
L’exercice interroge et interconnecte plus particulièrement trois dimensions clés – l’emploi, les usages des sols et le PIB – pour vérifier la cohérence de chaque scénario et discuter de leurs implications politiques.
AgroEco2050-Sénégal est une composante clé du projet mondial « Prospective sur les défis et les opportunités pour les systèmes alimentaires durables et la transition agroécologique », lancé par l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO) en 2022, en étroite collaboration avec le Centre de coopération internationale en recherche agronomique pour le développement (Cirad) en tant que partenaire scientifique, et avec le soutien financier de la Deutsche Gesellschaft für Internationale Zusammenarbeit (GIZ) GmbH, au nom du Ministère fédéral allemand de la Coopération économique et du Développement (BMZ). Le projet vise à renforcer le rôle des processus de prospective pour soutenir les transformations des systèmes alimentaires par le biais de l'agroécologie.
Deux récits pour une seule question : la forme de l’agriculture de demain pour le Sénégal
Dans un contexte de doublement de la population à l'horizon 2050, une intensification qu'elle soit écologique ou conventionnelle est nécessaire pour assurer un taux de couverture des besoins alimentaires satisfaisant.
« La principale différence entre ces scénarios est la mobilisation, dans le scénario agroécologique, d'une plus grande force de travail, des processus écologiques permettant de réduire les intrants industriels et de plus de terres en restaurant notamment des terres dégradées », précise Cheickh Sadibou Fall, chercheur à l’ISRA, et co-auteur du rapport.
Le scénario agro-industriel mobilise plus d'intrants industriels, permettant d'atteindre des rendements plus importants. Combiné à une augmentation des surfaces par agriculteur, ces augmentations de rendement bénéficient par contre à moins d'agriculteurs.
Dans les deux scénarios, le revenu des agriculteurs augmente, ce qui est une condition nécessaire pour avoir une agriculture viable et attractive pour les jeunes. Cette prospective a également permis de déceler un manque de connaissances nécessaires à la réalisation des visions AE et AI.
« Dans l’immédiat, ces travaux informeront l’élaboration d’une nouvelle stratégie nationale pour l’agroécologie et l’agriculture biologique au Sénégal, initiée par le gouvernement du Sénégal avec la participation des acteurs », précise Anne-Sophie Poisot du Bureau de l’Innovation de la FAO.
Une question qui est donc fortement d’actualité pour l’agriculture sénégalaise d’aujourd’hui et de demain.
* MASAE : Ministère de l’Agriculture, de la Souveraineté alimentaire et de l'Élevage
** DyTAES : Dynamique pour une Transition Agroécologique au Sénégal
Références
Prudhomme, R., Ahoun, V.D., Fall, C.S., Piraux, M. et Dorin, B. 2025. Analyse prospective de l’agriculture sénégalaise en 2050 : agro-industrie versus agroécologie ? Rapport sur la prospective « AgroEco2050-Sénégal». Paris, ºÚÁÏÍø911, Dakar, ISRA-BAME et Rome, FAO.
Mardi du BAME du 16 avril 2024 / Note de Synthèse 29e “MARDI DU BAME” sur l’“Analyse prospective de l’agriculture sénégalaise en 2050 : agro-industrie versus agroécologie”