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Podcast | Manioc : de la racine à la farine - S.6 Ép. 5

Farine de manioc fermentée, en sortie du séchoir-flash © Agrimac
Avec :
- Arnaud Chapuis, chercheur au Cirad et spécialisé en génie des procédés
- Mamadou Ndiaye Kunga, fondateur d’Agrimac, une entreprise congolaise basée à Kinshasa et qui fabrique des équipements pour l’agroalimentaire (République Démocratique du Congo)
Peu connu en France, le manioc rivalise pourtant avec la pomme de terre dans de nombreux pays tropicaux. En République Démocratique du Congo, la consommation y est estimée à environ 250 kilos par an et par personne. Par comparaison, la consommation moyenne de pommes de terre en France est d'environ 50 kilos par an et par personne. Cette plante tropicale produit une racine comestible de forme allongée, avec une écorce marron et une chaire blanche.
Cru, bouilli, transformé en farine ou en semoule : le manioc se décline selon les envies. En Côte d'Ivoire, on connaît notamment l'attiéké, fameux couscous de manioc. En RDC, le plat le plus répandu est le foufou, une pâte faite à partir de farine fermentée de manioc.
Les procédés pour transformer cette racine en farine sont encore souvent artisanaux et manuels. Un travail long et pénible : les racines doivent d'abord être trempées dans l'eau pour fermenter, puis râpées, pressées, et enfin séchées. L'industrialisation de la filière permet de soulager en partie ces tâches, notamment avec des râpes électriques. Cependant, l'étape du séchage reste particulièrement complexe. Dans les systèmes manuels, le manioc est laissé au soleil, à l'air libre.
Il peut y avoir des contaminations, avec des débris ou encore des animaux qui viennent manger les produits qui sont en train de sécher. Et surtout, s'il y a un changement de météo et la pluie qui arrive en cours de séchage, il faut tout remballer puis remettre à sécher le jour suivant. Non seulement cela pose des risques sanitaires, mais c'est aussi très difficile d'augmenter les capacités de production avec ce type de système.
Depuis une dizaine d'années, des entreprises d'agroalimentaires nigérianes et congolaises, comme Agrimac, proposent des séchoirs-flash : des petites unités de séchage, adaptées à une production semi-industrielle de farine fermentée. Mais des problèmes de surconsommation d'énergie sont rapidement apparus.
Fin des années 2010, l’Institut international d'agriculture tropicale du Nigéria (IITA) partage avec le Cirad ses inquiétudes sur des équipements trop gourmands en diesel, et donc pas suffisamment rentables. C'est ainsi que s'organise un projet commun avec le Centre international d'agriculture tropicale de Colombie (CIAT), et qui a pour but d'améliorer la productivité et l'efficacité énergétiques de ces séchoirs-flash.
En 2019, les premiers équipements améliorés voient le jour. Parmi les premières entreprises à travailler avec les scientifiques, on retrouve Agrimac.
Avec les nouveaux séchoirs, on est passé à une production de 75 kilos de farine de l'heure, à 240 kilos de farine de l'heure. Tout en divisant par deux la consommation de carburant. Le tout premier séchoir, à l'époque, a été mis en place chez Nutripro, une usine de transformation de farine de manioc fermentée. L'usine est basée à Kinshasa, à trois kilomètres de notre atelier.
Depuis, Agrimac a construit d'autres séchoirs. L'entreprise va même jusqu'à diffuser les plans à d'autres équipementiers congolais. Mamadou Ndiaye Kunga a ainsi formé un collègue situé à Bukavu, à 2000 kilomètres de Kinshasa, en partageant les plans et quelques explications au téléphone. En peu de temps, quatre nouveaux séchoirs ont ainsi vu le jour à Bunyakiri, près de Bukavu.
La population mondiale devrait atteindre dix milliards de personnes en 2050, faisant bondir la demande en produits agricoles. Or, nos approches conventionnelles de la production et de la consommation ne permettent pas de répondre durablement à cette augmentation. Entre pollution, perte de biodiversité, réchauffement climatique… Comment ne pas scier la branche sur laquelle nous sommes assis ? Ce défi, colossal, nous impose de changer radicalement notre rapport au vivant. À travers son podcast Nourrir le vivant, le Cirad vous emmène à la découverte de territoires et populations qui réinventent leur agriculture. Accompagnés de scientifiques, agricultrices, formateurs, étudiantes, éleveurs découvrent la force de transformation des systèmes agricoles, de la production alimentaire à l’emploi, en passant par la santé des écosystèmes.