Regard d'expert·e 21 avril 2025
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Redéfinir la santé humaine, un impératif pour l’approche "One Health"

Thierry Lefrançois sur fond de pollution atmosphérique intense dans la mégalopole de Jakarta, Indonésie (Montage photo) © Cirad, F. Dunouau, A. Rival
L’essentiel
- D’éminentes expertes et experts appellent à réviser la définition de la santé pour mieux relever les défis actuels
- Cette redéfinition est le point de départ de changements et d’actions politiques et économiques
Redéfinir la notion de santé humaine. C’est l’appel lancé dans un , alors que l’assemblée de l’OMS vient de démarrer et que cette institution mondiale doit se réinventer du fait du retrait des États-Unis. Leur objectif est de mieux prendre en compte les caractéristiques et valeurs associées à l’approche "Une seule santé" (One Health) et les déterminants actuels de la santé
« La définition actuelle de la santé date de 1948 : la santé est un état complet de bien-être physique, mental et social, et ne consiste pas seulement en une absence de maladie ou d’infirmité. À l’époque, elle était plutôt novatrice, mais depuis les enjeux et le contexte ont considérablement évolué, » explique Thierry Lefrançois.
La santé humaine doit s’adapter à l’évolution du contexte mondial qui influe sur les déterminants de santé (pollution, vieillissement de la population, mondialisation...). Elle doit être fondamentalement comprise de manière holistique et indissociable du climat, de l’environnement, de la biodiversité, de l’agriculture et des systèmes alimentaires afin de développer des co-bénéfices pour les humains, les animaux, les plantes et les écosystèmes.
L’élargissement de la définition de la santé humaine est une étape cruciale pour passer d’une approche de la santé centrée sur l’Homme à une approche holistique de la santé pour la planète et les populations, portée par l’Homme.
La modification de la définition de la santé humaine devrait être le point de départ de changements et d’actions politiques et économiques visant à :
- accroître les actions et le financement de la prévention en se basant sur les déterminants actuels de la santé;
- modifier les règles de l’Organisation mondiale du commerce en incluant les coûts environnementaux et sanitaires (externalités négatives) dans les produits et les échanges ;
- promouvoir des changements au niveau national vers une gouvernance interministérielle du monde vivant ;
- et développer des projets et des initiatives de recherche en matière de santé à l’interface entre la science et la prise de décision à tous les niveaux.
L’élaboration d’une nouvelle définition de la santé sera un long processus multipartite impliquant l’ensemble de la quadripartite (l’OMS, l’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture, l’Organisation mondiale de la santé animale et le Programme des Nations unies pour l’environnement) et des plateformes intergouvernementales comme l’IPBES (plateforme intergouvernementale sur la biodiversité et les services écosystémiques).
La nouvelle définition de la santé doit également tenir compte des déterminants politiques qui ont un impact considérable sur la santé aujourd’hui. Il ne peut y avoir de santé sans paix.
Les co-auteurs de cet article sont des expertes et experts de la santé humaine, animale et environnementale qui exercent à l’interface science-décision, notamment Thierry Lefrançois, membre du Covars et conseillé « One Health » de la PDG du Cirad, Jean-François Delfraissy, président du think tank Santé mondiale 2030, Brigitte Autran, professeure émérite à La Sorbonne et David Obura, président de l’IPBES.